Justin Trudeau annonce l’envoi d’enquêteurs canadiens en Iran lors d’une conférence de presse à Ottawa, le 11 janvier 2019. — DAVE CHAN / AFP
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a demandé au président iranien Hassan Rohani de faire « toute la lumière » sur la catastrophe du Boeing ukrainien et d’en « assumer l’entière responsabilité », lors d’un appel téléphonique samedi.
« Ce matin j’ai parlé au président iranien Rohani et je lui ai dit que les aveux de l’Iran », qui a reconnu sa responsabilité, « étaient un pas important en vue d’apporter des réponses aux familles, mais j’ai souligné que d’autres mesures doivent être prises », a annoncé Justin Trudeau. « Il faut faire toute la lumière sur les raisons qui ont provoqué une tragédie aussi horrible », a-t-il insisté. « Ce que l’Iran a reconnu est très grave, abattre un avion de ligne commercial est horrible », a-t-il ajouté. Il s’est dit « scandalisé et furieux » et a estimé que « cela n’aurait jamais dû arriver, même dans une période de tension accrue. »
Des enquêteurs canadiens envoyés à Téhéran
Interrogé pour savoir si Ottawa comptait demander à Téhéran des compensations financières pour les familles des victimes canadiennes, Justin Trudeau a répondu positivement. « C’est certainement quelque chose qui va devoir faire partie » des discussions, a reconnu le Premier ministre, qui a rencontré vendredi, loin des caméras, des familles de victimes à Toronto, une ville abrite la plus importante communauté iranienne du Canada.
Le Premier ministre a par ailleurs annoncé qu’une équipe d’enquêteurs canadiens était attendue à Téhéran d’ici à quelques heures pour « établir une présence sur le terrain et pour soutenir les familles canadiennes ». « Actuellement trois visas ont été approuvés pour les membres de l’équipe de déploiement rapide », qui sont attendus vers « 16h00 » (heure locale, 21h00 GMT) aujourd’hui. « D’autres membres de l’équipe suivront » et « les Iraniens coopèrent actuellement dans la délivrance de visas », a-t-il précisé.
L’« aventurisme américain » pointé par l’Iran
Le vol PS752 de la compagnie Ukraine Airlines International (UAI) s’est écrasé tôt mercredi à l’ouest de Téhéran, peu de temps après son décollage. Les victimes sont essentiellement des Irano-Canadiens, mais aussi des Afghans, des Britanniques, des Suédois et des Ukrainiens. Dans une spectaculaire volte-face, l’Iran a présenté ses excuses samedi pour avoir abattu le Boeing 737 par « erreur » alors qu’il avait jusqu’alors catégoriquement nié la thèse, privilégiée par plusieurs pays, notamment le Canada, selon laquelle l’avion ukrainien aurait été touché par un missile.
Téhéran a toutefois pointé la responsabilité de l’« aventurisme américain » dans ce drame. Une allusion à la tension provoquée par l’élimination le 3 janvier du général iranien Qassem Soleimani dans un tir de drone à Bagdad, sur décision du président Donald Trump. L’Iran avait, en représailles, lancé mercredi des missiles sur des bases abritant des soldats américains en Irak, peu de temps avant d’abattre l’avion civil ukrainien près de Téhéran.
Le Canada a par ailleurs rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en 2012 pour protester contre le soutien de Téhéran au gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie.
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