Sommaire
Qu’est-ce que la blockchain : une chaîne de blocs est une version unique de la vérité rendue possible par un registre immuable horodaté et sécurisé, dont des copies sont détenues par plusieurs parties.
Pourquoi c’est important : la blockchain permet d’authentifier un acte (comme une transaction) et de renforcer la confiance dans les affaires d’une institution ou d’une organisation quelconque. Elle promet également de rendre commercialisables de nombreux actifs qui sont illiquides aujourd’hui, et d’apporter la confiance à de nombreux secteurs d’activité, éliminant la fraude et la contrefaçon.
Comment ça marche : le chiffrement sécurise les données et les nouvelles transactions sont liées aux précédentes, ce qui rend presque impossible la modification des anciens enregistrements sans avoir à modifier les suivants. Et parce que de multiples “nœuds” (des ordinateurs) font fonctionner le réseau, il faudrait en contrôler plus de la moitié pour pouvoir effectuer des changements.
Pourquoi c’est disruptif : à tout le moins, la blockchain promet de rendre les opérations des entreprises plus efficaces et moins coûteuses, mais, au bout du compte, elle pourrait tout à fait remplacer nombre d’entreprises.
Quelles sont ses opportunités d’affaires : de nouveaux services et produits pourraient voir le jour dans des domaines tels que la création et la négociation d’actifs, le suivi de la provenance, la gestion de la chaîne logistique, la gestion de l’identité et la fourniture de services auxiliaires au logiciel lui-même.
Quels sont ses fournisseurs principaux : plus d’une douzaine de fournisseurs de plates-formes ont vu le jour et plusieurs douzaines de fournisseurs de services de consultation et de mise en œuvre participent à l’adoption de projets de blockchain.
Options de carrière : les principaux spécialistes de la blockchain sont les développeurs et les architectes. Mais des fonctions dans la gestion des risques, la sécurité, le chiffrement, la gestion des processus métier, la stratégie produit et l’analyse sont également nécessaires.
La blockchain s’impose aujourd’hui l’une des technologies les plus importantes à avoir émergé ces dernières années. De nombreux experts estiment que cette technologie a le potentiel pour changer le monde au cours des deux prochaines décennies. Bien qu’elle n’en soit encore à ses débuts, IBM, Microsoft, Nasdaq, Foxconn, Visa ou encore le géant du transport maritime Maersk font partie des entreprises qui s’intéressent à la blockchain.
Jusqu’à présent, les investisseurs en capital-risque ont investi 1,5 milliard de dollars dans ce domaine, avec des sociétés comme Andreessen Horowitz, Kleiner Perkins Caufield et Byers, et Khosla Ventures qui parient sur les startups.
Les applications de la blockchain semblent en effet proches de l’infini. Si l’on pense tout de suite à ses applications financières – paiements internationaux, transferts de fonds, produits financiers complexes – la blockchain peut aussi résoudre des problèmes et créer de nouvelles opportunités dans les secteurs de la santé, de la défense, de la gestion de chaînes d’approvisionnement, des produits de luxe et d’autres industries.
A des stades plus avancés, la blockchain pourrait donner naissance à ce que le Gartner appelle “l’économie programmable”, alimentée par des modèles économiques entièrement nouveaux qui éliminent toutes sortes d’intermédiaires, des réseaux de machines dans lesquels les dispositifs s’engagent dans une activité économique, et des “actifs intelligents” dans lesquels certaines formes de propriété comme les actions d’une société peuvent être échangées selon des règles programmables ou basées sur l’intelligence artificielle plutôt que sous le contrôle d’une entité centralisée.
Qu’est-ce que la blockchain ?
Une blockchain est un enregistrement de la vérité qui crée la confiance entre de multiples parties. Plus précisément, il s’agit d’un registre sécurisé et inviolable avec des transactions horodatées, réparties entre un certain nombre d’entités.
Cela signifie qu’une blockchain peut remplacer un intermédiaire dans les situations où un tiers de confiance est nécessaire. Ainsi, par exemple, alors que nous avons besoin d’une banque (ou de plusieurs) pour effectuer un paiement dans un pays étranger, un logiciel – le programme qui exécute les bitcoin – peut aussi envoyer de l’argent à quelqu’un dans le monde entier pour nous.
C’est une méthode qui s’avère beaucoup moins chère et plus rapide – et, dans le cas de la cryptomonnaie, transparente afin que vous puissiez voir quand l’argent arrive, alors qu’avec un virement bancaire, vous devez le demander auprès du destinataire. Dans l’ensemble et de ce point de vue, la blockchain promet une plus grande sécurité et des coûts moindres que les bases de données traditionnelles.
“Le problème sur le marché, c’est que la blockchain est utilisée comme un nom collectif pour blockchain / bitcoin alors que ce n’est pas exactement vrai” explique David Furlonger, vice-président et associé de Gartner. La blockchain est en effet devenue l’expression fourre-tout pour un grand groupe de technologies appelées “technologie de grand livre distribué” ou DLT (Distributed Ledger Technology).
Techniquement parlant, il est possible d’avoir un ledger distribué qui n’est pas construit comme une blockchain , cependant, quand les gens font référence à la technologie de la chaîne de blocs, ils parlent souvent de DLT.
Et si vous voulez être vraiment technique, “le terme de DLT n’est pas à la hauteur parce qu’il suppose que l’information est distribuée alors que dans de nombreux cas elle ne l’est pas” explique Javier Paz, analyste senior chez Aite Group, société de recherche en services financiers, interrogé par ZDNet. Reste que les termes de “blockchain”, “distributed ledger” ou “DLT” devraient suffire pour toutes les discussions, à l’exception des plus techniques.
Pourquoi la blockchain c’est important ?
“La principale différence entre une base de données et une blockchain est qu’une base de données est gérée et contrôlée par quelqu’un” explique Eric Piscini, directeur de la technologie des services financiers chez Deloitte. “Une blockchain n’a pas besoin d’être gérée par quelqu’un, donc vous n’avez pas besoin de faire confiance à quelqu’un pour gérer la plate-forme. Elle est gérée par tout le monde en même temps. C’est un changement de modèle économique” relève ce dernier.
Dans un futur proche, les blockchains peuvent en effet donner naissance à un certain nombre de réseaux peer-to-peer qui ne sont gérés par aucune partie centralisée et qui permettent la création et le transfert d’argent ou d’autres actifs. Par exemple, la technologie pourrait être utilisée pour créer un réseau de type Airbnb sans la société Airbnb.
Combiné à l’Internet des Objets (IoT), il pourrait créer un programme de type Uber sans Uber. Ces réseaux peer-to-peer sont souvent appelés organisations autonomes distribuées (DAO – Distributed Autonomous Organizations) et pourraient un jour transformer toute notre conception de l’entreprise.
Pour Gartner, la blockchain pourrait se traduire à l’avenir par la création d’une valeur ajoutée de 176 milliards de dollars d’ici 2025 et de 3,1 billions de dollars d’ici 2030.
Comment ça marche la blockchain ?
Toutes les blockchains ne fonctionnent pas de la même façon. Elles peuvent par exemple différer dans leurs mécanismes de consensus, qui s’imposent comme les règles selon lesquelles la technologie mettra à jour le grand livre. Mais en gros, une chaîne de blocs est un grand livre sur lequel les nouvelles transactions sont enregistrées par blocs, chaque bloc étant identifié par une signature cryptographique de ces données.
La même signature résultera toujours de ces données, mais il est impossible de recréer les données à partir de cette signature. De même, si même le plus petit détail de ces données de transaction est modifié, cela créera une signature très différente, et puisque la signature de chaque bloc est inclus comme un point de données dans le bloc suivant, les blocs suivants se retrouveront également avec des hachages différents. C’est ce qui rend le registre inviolable.
Enfin, la sécurité de la blockchain vient également du fait que plusieurs ordinateurs appelés nœuds stockent la chaîne de blocs. Pour changer le grand livre, il faudrait donc prendre le contrôle d’au moins 50 % de la puissance de calcul afin de changer le disque – un exploit difficile surtout pour une blockchain publique telle que celle qui encadre le bitcoin.
Pourquoi la blockchain c’est disruptif ?
Un préconçu veut que la technologie de la blockchain provoque ce que l’Internet a fait aux médias – qui ont été totalement court-circuités – mais appliqué à des secteurs comme les services financiers, le droit et d’autres industries qui fondent leurs services sur la confiance.
“L’industrie a vécu et s’est nourrie de l’intermédiation” explique David Furlonger. Notant que les banques contrôlent généralement l’activité financière et que les gouvernements contrôlent généralement les actifs économiques que nous utilisons, le chercheur ajoute : “si vous pensez à la façon dont l’authentification et l’identification sont effectuées, à la façon dont vous embarquez vos clients, à la façon dont vous partagez les dossiers, tout cela se fait par des canaux et processus en silo”.
“Or voici une technologie qui vous explique que vous n’avez plus besoin d’intermédiaire. N’importe qui peut s’inscrire à tout moment parce que c’est open source… N’importe qui peut créer tout bien et le distribuer à tout le monde sur la planète. Nous allons changer la façon dont les modèles économiques qui ont grandi au cours des derniers siècles vont fonctionner. En conséquence, nous allons aussi changer la façon dont la société fonctionne”.
Le résultat de l’émergence de la blockchain pourrait être ce que le Gartner appelle “l’économie programmable”, qu’il définit comme un marché mondial alimenté par des entreprises algorithmiques et des DAO fonctionnant sur des réseaux de blockchain dont les actifs exercent une activité économique par des règles définies par des logiciels ou de l’intelligence artificielle.
Les deux blockchain publiques les plus couramment utilisés jusqu’à présent sont le Bitcoin et l’Ethereum. Une blockchain publique comme celle des bitcoins se concentre sur les contrats intelligents, qui sont des logiciels qui exécutent des transactions lorsque certaines conditions sont remplies.
D’ici une décennie, la technologie rendra les opérations après-vente de nombreuses entreprises plus efficaces parce qu’aujourd’hui les entreprises qui travaillent les unes avec les autres et même avec différents services au sein d’une organisation tiennent souvent leur propre Grand Livre, faisant ainsi double emploi. “Au moins, nous verrons que cela aura un impact sur le back et le middle office, en éliminant les problèmes et les coûts associés au maintien de versions multiples de la vérité” explique Javier Paz.
Un rapport récent de Bain and Company relève que les économies découlant de la mise en œuvre de la blockchain s’élèveraient entre 15 et 35 milliards de dollars par année. Au fur et à mesure que les services de certaines entreprises deviennent plus efficaces et moins chers, la part de marché des opérateurs historiques est susceptible de changer.
Et parce que la technologie est open source, “vous pouvez construire cette plate-forme pour une fraction de ce qu’il vous en coûterait avec les technologies traditionnelles” explique Eric Piscini. Cela donne à la fois aux startups et aux éditeurs de logiciel une ouverture.
Par exemple, les gens pourraient utiliser le réseau de chiffrement bitcoin, qui n’est géré par aucune entreprise, pour effectuer des paiements à peu de frais, rapidement et efficacement. “Si vous vous contentez d’autoriser des transactions pour d’autres, vous avez de gros problèmes”, relève ce dernier, pour qui la blockchain “peut vous remplacer en tant qu’entité sans avoir besoin d’une entité légale pour l’administrer”.
Les opportunités d’affaires de la blockchain
Certains cadres craignent que les logiciels remplacent leur rôle ou celui de leur entreprise. Pourtant, bien que la technologie promette de modifier les parts de marché existantes, Eric Piscini indique que les entreprises peuvent éviter de devenir désuètes en saisissant de nouvelles occasions.
“Si les entreprises fournissent des services supplémentaires, si elles vous donnent la possibilité de contester des transactions, d’effectuer des analyses sur cette plate-forme – une valeur ajoutée que vous n’avez pas aujourd’hui – c’est ainsi qu’elles vont survivre. En fait, la technologie de la blockchain permettra aux entreprises d’offrir des services qui étaient auparavant impossibles sans elle” relève l’analyste. Le Gartner prévoit que d’ici 2022, au moins une nouvelle entreprise basée sur la technologie de la blockchain aura une valeur de 10 milliards de dollars.
La blockchain rend en effet possible l’émergence de nouvelles offres dans des industries aussi diverses que les services financiers, la santé, la chaîne d’approvisionnement, le pétrole et le gaz, la vente au détail, la musique, la publicité, l’édition, les médias, l’énergie, le gouvernement et beaucoup d’autres.
Dans le seul domaine de la finance, elle peut être utilisé pour effectuer des paiements internationaux, négocier des actions, des obligations et des marchandises, et fournir une piste de vérification aux organismes de réglementation. Elle peut également créer de nouvelles formes d’actifs et permettre d’échanger les actifs illiquides existants, tels que les crédits énergétiques et les miles des programmes de fidélité des voyageurs.
Elle peut en outre être utilisée pour suivre la provenance, éradiquer la fraude et la contrefaçon dans des domaines tels que les produits de luxe, les beaux-arts, les produits pharmaceutiques, les aliments et les documents gouvernementaux. Elle permet entre autre aux musiciens, écrivains et autres artistes d’intégrer des redevances dans leurs MP3, livres électroniques et autres créations pour se payer eux-mêmes chaque fois que leur œuvre est achetée ou revendue.
Elle peut aussi être utilisé par les éditeurs pour gérer des publications financées non pas par des annonces mais par des micropaiements émis par les navigateurs des lecteurs. Elle peut par ailleurs permettre aux gens de gérer leur identité et la confidentialité de leurs données au lieu de devoir compter sur des entités centralisées comme Google, Facebook ou Twitter.
Enfin, elle peut montrer à un électeur que son vote a été compté correctement et à l’ensemble de l’électorat qu’aucun vote n’a été frauduleux ou compté plus d’une fois. Et ce ne sont là que quelques exemples.
Le Gartner prévoit que d’ici à 2030, les appareils ou les objets utilisant des chaînes de blocs pour effectuer des transactions représenteront 30 % du parc mondial.
Les acteurs actuels de la blockchain
Un grand nombre de fournisseurs de plates-formes d’entreprise ont déjà fait leur apparition. Bien que l’espace compte plus d’une douzaine de joueurs, les groupes les plus actifs (deux ne sont pas des entreprises), par ordre alphabétique, le sont :
Chain, qui, avec le Nasdaq, a créé la première chaîne de blocs privés en production (mais à petite échelle). Baptisée Nasdaq Linq, celle-ci est utilisée pour gérer les actions de sociétés privées. Elle a également des partenariats avec Visa, Citi et Capital One.
Ethereum, un réseau P2P public comme le bitcoin mais axé sur les contrats intelligents et non sur les paiements, et qui a une initiative entreprise, l’Enterprise Ethereum Alliance (EEA).
Hyperledger, un projet open-source géré par la Linux Foundation et étroitement affilié à IBM qui compte parmi ses membres des sociétés aussi diverses qu’Airbus, American Express, Daimler, et Intel.
R3, un consortium d’institutions financières dont l’offre de ledger répartie, Corda, n’est pas structurée comme une chaîne de blocs, ce qui signifie que les données de transaction ne sont pas publiées dans le carnet de transactions de chaque participant du réseau. Au lieu de cela, les transactions ne sont publiées que dans les registres des parties concernées.
Parmi les autres acteurs du secteur, citons Axoni, Digital Asset Holdings, Monax, Ripple, SETL, Symbiont et T0. Parmi les entreprises qui aident les entreprises à mettre en œuvre des solutions de blockchain figurent Accenture, CapGemini, Chainsmiths, Deloitte, Ernst and Young, IBM Global Services, Infosys, KMPG, PwC, Polaris, Tata Consultancy Services, Wipro et d’autres. IBM et Microsoft sont des chefs de file dans le domaine des services de blockchain dans le cloud.
Opportunités de carrière
De nombreux cadres constatent une pénurie de talents à recruter et, parce que les entreprises du secteur de la finance embauchent à tour de bras des personnes dotées de ces compétences, les développeurs de blockchains réclament des salaires élevés. Le capital-risqueur William Mougayar, auteur de “The Business Blockchain: Promise, Practice and Application of the Next Internet Technology”, estime que les développeurs de blockchain seront au nombre de 30 000 à 35 000 sur un total estimé de 18 millions dans le monde en 2014.
Les profils nécessaires au développement de ce qu’on appellera bientôt une “industrie” sont des développeurs blockchain, des architectes, ainsi que des spécialistes de gestion du risque, de sécurité, de chiffrement, de la gestion des processus commerciaux, de la stratégie produit et de l’analyse.
Les architectes construisent des blockchain de manière à ce qu’elles soient adaptées aux besoins de l’entreprise, sécurisées et fonctionnent correctement. Au fur et à mesure que la technologie évolue et que les contrats intelligents deviennent une réalité, il faudra également du personnel pour combiner l’internet des objets et ces smart contracts.
Article “Executive’s guide to implementing blockchain technology” traduit et adapté par ZDNet.fr
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