Voilà qui devrait fortement déplaire aux opérateurs. Après avoir accusé réception du cahier des charges définitif de l’appel d’offres pour l’octroi des fameuses fréquences 5G nécessaires au déploiement de la nouvelle technologie mobile fixé par l’Arcep, Bercy a finalement livré des indications sur les prix qu’il entend tirer de ces fréquences.
Alors que les opérateurs militaient depuis de nombreux mois pour fixer des prix planchers bas afin de leur permettre dégager plus d’argent à investir immédiatement dans les réseaux, ces derniers n’ont finalement pas eu gain de cause auprès des autorités, qui ne leur a finalement pas fait de cadeau en fixant un prix de réserve minimal plus haut qu’espéré par ces derniers.
Interrogée par “Les Echos” ce dimanche, la secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher a en effet confirmé que l’ensemble du spectre concerné par le futur appel d’offres (qui concerne donc 310 MHz de fréquences sur la bande des 3,5 GHz) se négociera au minimum à 2,17 milliards d’euros.
Dans le détail, les opérateurs pourront tout d’abord s’offrir un bloc de 50 MHz chacun pour la somme fixe de 350 millions d’euros, avant, dans un second temps, de livrer bataille pour le reliquat de 110 MHz, en se disputant chaque bloc de 10 MHz aux enchères à partir d’un tarif minimal de 70 millions d’euros. A noter que l’ensemble de l’appel d’offres, dont le plan d’attaque avait été rendu public dès le mois de septembre par l’Arcep, devrait être bouclée au printemps prochain.
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Bercy défend sa position
Les opérateurs militaient pourtant depuis longtemps pour ne pas voir se reproduire en France la situation vécue par les opérateurs domestiques de nos voisins italiens ou encore allemands. Dans ces pays, les fréquences dévolues à la 5G se sont en effet arrachées à des montants records, oblitérant d’autant la capacité des opérateurs locaux à déployer leurs réseaux et leurs offres commerciales. En France, opérateurs comme régulateur militaient pour leur part pour un prix minimal tournant autour de 1,5 milliard d’euros.
Rappelons en effet que certaines informations indiquaient au cours de l’automne que l’Etat souhaiterait tirer de cet appel d’offres une somme totale comprise en 1,5 et 2 milliards d’euros. Pour autant, la perspective de sommes supérieures pourrait se montrer attirante pour Bercy, alors que les finances publiques ne sont pas au mieux. D’autant que les différentes enchères 5G organisées par nos voisins ont permis de dégager des sommes importantes, comme en Allemagne ou en Italie, où les opérateurs ont du délier les cordons de leurs bourses pour s’offrir les précieuses fréquences mises aux enchères.
Interrogé par “Le Monde”, le président de la Fédération française des télécoms, par ailleurs secrétaire général d’Altice France, Arthur Dreyfuss, a fait part de la déception des opérateurs face aux orientations données par les autorités. “Nous investissons déjà sur la 4G et sur la fibre 10 milliards d’euros par an, ce qui fait des opérateurs les moteurs et les financeurs des plus grands chantiers d’infrastructures du pays alors que nous subissons les prix d’abonnement les plus bas d’Europe et la fiscalité la plus confiscatoire”, a-t-il expliqué.
Ce dont s’est défendue, dans les colonnes des “Echos”, Agnès Pannier-Runacher. “Le plancher que nous soumettrons à la concertation nous semble raisonnable. Nous sommes plus proches de 1,5 que de 3 milliards, comme nous l’avions dit dès avril. Nous ne maximisons pas le montant des enchères, nous faisons ce que nous avons dit”, a-t-elle indiqué. Reste qu’il ne s’agit là que du seuil plancher, ce qui signifie que la 5G pourrait bien coûter cher aux opérateurs. Réponse dans quelques mois.
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