Les premiers cas en Europe ont été confirmés. Les autorités sanitaires doivent prendre le virus de vitesse pour éviter qu’une épidémie ne se propage.
La nouvelle est tombée vendredi 24 janvier en début de soirée : trois cas du nouveau coronavirus chinois ont été confirmés en France. Selon les autorités sanitaires françaises, deux de ces “premiers cas européens” sont actuellement traités à Paris et un troisième à Bordeaux.
En Chine, 1 287 cas ont été répertoriés depuis que l’épidémie s’est déclarée à Wuhan, dans le centre du pays, 41 personnes sont mortes des suites de la maladie et plus de 56 millions d’habitants sont confinés pour tenter d’enrayer l’épidémie.
Alors qu’aucun cas mortel n’a été rapporté hors de Chine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé jeudi qu’il était prématuré de considérer cette épidémie comme une urgence de santé publique de portée internationale. En France, il convient donc de ne pas sombrer dans la paranoïa. “A ce stade, il n’y a pas de recommandations particulières pour la population” française, précise le ministère de la Santé sur son site internet. Toutefois, voici quelques recommandations qui pourront, dans tous les cas, vous mettre à l’abri de la grippe saisonnière.
1Quels sont les symptômes ?
Les symptômes de ce nouveau virus sont similaires à ceux de la grippe. Selon des observations réalisées sur les 41 premiers cas repérés en Chine, les effets de ce coronavirus sont également proches de ceux du Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait fait 774 morts dans le monde (sur 8 096 cas) en 2002 et 2003 : pneumonie, fièvre, toux, difficultés respiratoires et fatigue générale.
2Comment faire la différence avec une grippe ?
Vous toussez ? Vous avez les bronches encombrées ? Des difficultés respiratoires ? Une grosse fatigue ? De la fièvre ? Si vous n’avez pas récemment voyagé en Chine, vous avez de grandes chances de souffrir de la grippe saisonnière.
Hors de la Chine, “dans tous les pays où des cas ont été enregistrés, il n’y a pas eu de cas secondaire, c’est-à-dire pas de personne secondairement infectée dans l’entourage du cas importé”, précise au Monde le responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur, Arnaud Fontanet. Ainsi, “le critère déterminant est donc le contact avec l’origine en Chine”.
3Faut-il se rendre aux urgences ?
Non. Si vous ne revenez pas d’un voyage en Chine, soignez-vous normalement. Votre médecin généraliste vous prescrira le traitement adapté. Se rendre aux urgences dans ce cas ne reviendrait qu’à encombrer inutilement ces services.
De même, si vous avez voyagé en Chine et que vous constatez le moindre signe d’une gêne respiratoire ou que vous avez de la fièvre, “il ne faut pas aller aux urgences, il ne faut pas appeler un médecin”, a prévenu Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, lors d’une conférence de presse. “Il faut appeler le centre 15, qui vient chercher les gens à domicile, les emmène en hospitalisation.” Au téléphone, il faut bien sûr détailler ses symptômes et faire mention de son récent voyage en Chine.
Cette précaution “permet de mettre les gens à l’isolement, de faire les tests. Si les tests sont positifs, ils sont gardés sous surveillance. Si les tests sont négatifs, ils sortent”, a-t-elle expliqué.
4Comment s’attrape le coronavirus ?
On sait que le virus peut se transmettre d’une personne à une autre. La pneumonie à coronavirus 2019-nCoV “se transmet par les postillons (éternuements, toux)”, comme le rappelle le ministère de la Santé. “En général, les transmissions se font dans les contacts rapprochés, moins d’un mètre, à travers les postillons et par voie respiratoire”, explique sur franceinfo le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris, directeur de l’Institut de l’infectiologie à l’Inserm et expert auprès de l’OMS. Si le virus arrive en France, “on peut continuer à se faire la bise. Mais il faut être vigilant”, précise le spécialiste, qui voit “une occasion de faire passer des messages aux gens qui ont des signes respiratoires, qui toussent, qui crachent, etc. C’est bien de porter un masque.”
Pour contracter le coronavirus, “il faut qu’il y ait eu un contact étroit [avec une personne infectée]”, souligne Arnaud Fontanet dans Le Monde. “Ont aussi été incriminées, sans qu’on ait pu le vérifier, des poignées de porte et des boutons d’ascenseur. D’où l’importance de se laver les mains et ne pas les porter à la bouche.”
Ainsi, les autorités sanitaires mènent une enquête épidémiologique pour repérer tous les gens qui ont pu être en contact avec les trois patients et les isoler le temps d’écarter toute contamination, fait savoir le ministère. “Pour une personne infectée, il peut y avoir plusieurs dizaines de cas contacts qu’il faut alors suivre pendant quatorze jours, la durée maximum d’incubation du virus. Ces personnes doivent rester chez elles, prendre leur température deux fois par jour et prévenir les services sanitaires si elles ont de la fièvre”, explique le spécialiste cité par le quotidien.
5A quel point le virus est-il dangereux ?
“Il y a eu 1 300 cas et 41 décès : cela veut donc dire que 1 260 personnes ont guéri, ou vont guérir”, relativise Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et au Centre international de recherches en infectiologie, cité par franceinfo. “Notre système immunitaire nous permet de guérir dans la grande majorité des cas de ces viroses respiratoires. (…) Mais nous ne sommes pas tous égaux devant ce virus : les données préliminaires montrent actuellement que les enfants ne sont pas touchés”, poursuit-il. “On a extrêmement peu, voire pas d’enfants et même de jeunes adultes de moins de 25 ans, puisqu’on n’a pratiquement pas de cas. Il y a beaucoup de formes simples de cette infection”, précise le spécialiste.
“Dans les cas de formes sévères, il s’agit de personnes présentant des pathologies chroniques, cardiaques, respiratoires, neurologiques, plus fragiles. Cela rejoint un petit peu ce que l’on observe avec la grippe”, ajoute-t-il, expliquant que les personnes fragilisées ont plus de risque de développer une forme sévère de la maladie. “On n’en connaît pas exactement la gravité”, indique le professeur Yazdan Yazdanpanah. “On a fait beaucoup de progrès depuis 2012- 2013, mais il n’y a toujours pas de traitement contre le coronavirus, explique-t-il à franceinfo. Par contre, on peut mettre en place des traitements symptomatiques qui peuvent diminuer largement la mortalité.”
Enfin, le spécialiste note que ce virus devrait être plus facile à enrayer qu’une épidémie de grippe. “Avec le coronavirus, on est contagieux à partir du jour où on a des symptômes. La grippe, un jour avant les symptômes. Donc le coronavirus, si ça se confirme, est beaucoup plus facile à arrêter que, par exemple, un virus de grippe.”
6Quels sont les bons gestes de prévention à adopter ?
“Comme pour l’épisode actuel de grippe saisonnière, les mesures barrières sont efficaces”, indique le ministère de la Santé. Tousser dans son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique et se laver régulièrement les mains sont les bons gestes à adopter pour se protéger des virus en général.
7Faut-il porter un masque ?
Inutile de porter un masque chirurgical si vous êtes en pleine forme, assure le ministère de la Santé. En revanche, vous pouvez en porter un si vous présentez des symptômes grippaux, afin d’éviter de propager votre virus, même s’il s’agit d’un classique virus hivernal.
Si vous avez voyagé en Asie, que vous présentez des symptômes d’infection respiratoire (fièvre, toux, difficultés respiratoires) et que vous devez entrer en contact avec d’autres personnes (à la maison par exemple), le ministère des Affaires étrangères vous invite à porter ce type de masque, disponible en pharmacie.
8Les hôpitaux français sont-ils préparés à l’éventualité d’une multiplication des cas ?
“On est prêts, oui, rassure le professeur de virologie Bruno Lina au micro de franceinfo. Depuis les émergences virales et bactériennes qu’on a pu avoir depuis 2003, toute une série d’organisations ont été mises en place de façon à ce que des hôpitaux soient équipés en chambres d’isolement, de façon à accueillir ces patients dans de bonnes conditions et permettre d’éviter de transmettre la maladie à d’autres personnes.” Selon lui, les analyses sont désormais réalisées “pratiquement en temps réel”, permettant d’agir au plus vite.
“Et les hôpitaux de référence peuvent s’adapter, poursuit-il. Au CHU de Lyon, par exemple, on a la capacité de faire évoluer la structure de façon à bloquer une aile entière du service en zone à dépression.”A lire aussi Sujets associés
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