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Amazon contre 5G, la course au prochain réseau IoT


Cette semaine GreenSI a pu aller a New-York pour le lancement commercial de la 5G par Verizon.

Quand en France on en est encore à la procédure d’appel d’offres par le gouvernement pour exploiter ce qui sera l’évolution majeure de la connectivité dans les dix prochaines années, trois pays, dont les États-Unis, la Finlande (pays de Nokia) et en premier la Corée du Sud (ouvert en avril 2019), opèrent déjà en grandeur réelle une offre commerciale dans les principales villes du pays.

Les équipements sont là (Ericsson, Nokia, Huawei), avec un certain avantage à l’Europe, et les opérateurs imaginent les nouveaux services qu’ils vont proposer. Le lancement par Verizon à Manhattan et quelques zones clefs comme l’aéroport JFK, s’inscrivent dans cette course au déploiement national du nouveau réseau entre quatre opérateurs (Sprint, AT&T et T-Mobile)

GreenSI a déjà traité de la 5G dans un billet du début de l’année et mis en avant l’opportunité de rupture pour les entreprises, et certainement, une opportunité de redistribuer les cartes de la data dans les télécoms.

La 5G est aussi sur le devant de la scène politique dans la bataille commerciale États-Unis/Chine. Les gouvernements, voyant certainement les enjeux de ce prochain réseau de l’internet des objets, veulent s’impliquer dans sa gouvernance comme le montre l’interdiction des technologies du chinois Huawei aux États-Unis et leur mise sous surveillance ailleurs dans le monde. D’ailleurs cette fébrilité des gouvernements à ne pas vouloir se laisser dépasser par la 5G explique peut-être le dérapage du calendrier en France.

La technologie 5G ce sont des débits de télécommunications mobiles de plusieurs gigabits de données par seconde mais surtout une latence très faible, ouvrant la voie aux application temps réel à distance comme le pilotage de drones ou la télémédecine. Une faible latence, c’est aussi une condition nécessaire pour les futures applications de réalité virtuelle, notamment les jeux vidéos, car l’oreille interne ne supporte pas un décalage important entre ce que l’on voit et ce que l’on sent, sous peine de provoquer des nausées, “l’écran bleu de reboot” du corps humain 😉


Quand le débit mobile 5G sera plus rapide que le débit du réseau fixe, beaucoup de choses changent, comme par exemple la réception de la télé en 8K via le réseau mobile. Une première retransmission en direct avait été faite à Roland Garros cette année par Orange avec ses partenaires, filmées en 8K et retransmisse en 5G sur des téléviseurs adaptés, ou Samsung à Singapour avec la Coupe Internationale des Champions. Le prochain CES en janvier 2020 sera certainement une belle occasion pour les fabricants d’aller y exposer leurs derniers modèles, Huawei en tête.

Mais l’enjeu de la 5G privilégié par GreenSI est la capacité de cette technologie à gérer le futur de l’internet des objets.

Avec 1 million d’objets communicants par km2 et un débit théorique associé à ces objets – de 10Tb/s/km2 – lui aussi très supérieur au GSM, la 5G ouvre le champ à un nouveau réseau pour l’internet des objets, dans l’entreprise, dans la ville intelligente, mais aussi à la maison. C’est cependant sur cette fonctionnalité de réseau connecté “ambiant” que certains médecins alertent sur l’étude de ses effets avant de pousser les déploiements plus loin.

C’est dans ce contexte qu’il faut analyser la sortie, par Amazon, lors de sa conférence du 25 septembre, de 70 nouveaux objets connectés à Alexa son assistant vocal, pur l’instant en tête dans la course contre GoogleHome et d’autres acteurs.

La sortie d’un haut-parleur haut de gamme reste dans la lignée des produits “Echos”, mais celle des “Echo Flex“, qui peuvent s’installer sur les prises de la maison pour amener le vocal sans avoir besoin d’une enceinte connectée, on commence a se demander : et si Amazon était en train de déployer un réseau d’objets ? C’est avec l’Echo Loop, une sorte de bague qui permet de parler à Alexa à distance, que l’on se pose la question : mais à quoi est-elle connectée ? Pour l’instant à son smartphone. Un bouton sur la bague permet de déclencher Alexa, vous posez votre question dans le micro et mettez la bague à l’oreille pour obtenir la réponse. Elle est vendue en quantité limitée – sur invitation uniquement – ce qui montre que le produit n’est pas encore tout à fait abouti et sert de test, comme Amazon l’avait fait avec les boutons Dash. Amazon veut quitter la maison et aimerait bien lui aussi être “ambiant”…


Amazon a également annoncé à cette conférence, Sidewalk, un nouveau protocole sans fil longue distance à faible bande passante pour connecter tous les équipements dans et autour de votre maison, et ne plus utiliser le Wifi limité en distance. Ce protocole sera ouvert progressivement à d’autres fabricants de périphériques.

C’est un positionnement frontal contre la 5G jugée par Dave Limp, le Directeur de la division Devices and Services d’Amazon, comme consommatrice d’énergie et complexe. Amazon à donc fait le choix d’un nouveau réseau à faible bande passante (900MHz) et c’est un virage important dans sa stratégie.

Pour déployer ce réseau il faut des points d’accès. Amazon n’étant pas opérateur de télécommunications, l’idée est d’utiliser ses clients pour l’accès, puis de passer par les réseaux des opérateurs. Le déploiement des points d’accès est en test à Los Angeles où 700 foyers ont été équipés gratuitement pour tester la couverture de la ville. Essayez de tracer 700 cercles de 500m de rayon, vous allez vite voir que vous pouvez couvrir une ville rapidement à 100%. C’est ce type de technologies utilisée aujourd’hui pour les compteurs d’eau en France (par exemple sur la fréquence 169Mhz longue portée qui permet des cercles plus grands). Vu du plus grand distributeur mondial on se dit que si ça marche ça va être un carton !

A ce stade rien n’a été dévoilé sur la sécurité ou le traitement des données, qui sera un enjeu important pour l’acceptation de ce réseau.


Le premier produit exploitant ce réseau sera un objet pour votre animal préféré, Ring Fetch, qui sera lancée l’année prochaine.

Si il quitte le périmètre que vous avez déterminé sur une application, vous recevrez une alerte. C’est ce que l’on appelle le “geo fencing” et qui est déjà très utilisé dans le milieu professionnel pour suivre les camions ou les engins de chantiers.

Il n’y a donc rien de vraiment nouveau si ce n’est que toute la machine de guerre d’Amazon, son site de ecommerce et sa logistique exemplaire, pour déployer ces objets et le réseau qui va avec. Les startups qui opèrent déjà ce type de solutions vont devoir s’allier ou se battre.

La filiale d’Alphabet qui gère la SmartCity et qui planche aussi sur la communication des objets dans la ville de Toronto s’appelle Sidewalk Labs. Le choix du nom Sidewalk est-il un défi d’Amazon à son grand concurrent des assistants vocaux ?

L’originalité de Sidewalk est d’exploiter un réseau “mesh” (comme Zigbee ou Z-Wave) donc chaque objet peut servir de relais à un autre objet, et ainsi plus Amazon vends d’objets actifs plus le réseau se densifiera.

Ces deux exemples illustrent bien les enjeux de réinventer les communications au delà du bon vieux GSM et de sa carte SIM.

La 5G, avec ses performances supérieures et une densité d’antennes plus grande que la 4G, veut jouer dans la cour des nouveaux usages en rupture et va proposer aux entreprises de réinventer leurs services comme est en train de le faire Amazon dans sa quête de la domination de l’interface vocale. De l’autre côté du spectre, le bas débit continue de faire son chemin, exploité avec une densité encore plus grande via une multitude d’objets communicants personnels et depuis cette semaine avec le support d’Amazon.

Google vient de fêter cette semaine son anniversaire, et en 21 ans il a dominé les deux premiers internet, fixe et mobile, pour devenir l’une des premières entreprises mondiale (et non la multi-nationale du modèle précédent). Les cycles technologiques sont très courts. L’ère de l’internet des objets connectés et intelligents n’en est qu’a ses débuts et Amazon devant un Google nous montre que rien n’est définitivement acquis.

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