Frédéric Doyez, l’avocat de Bernard Preynat a été pris de court par les révélations de son client avouant qu’il avait été lui-même abusé sexuellement dans sa jeunesse. — Konrad / Sipa
Bernard Preynat, ancien prêtre du diocèse de Lyon, jugé pour agressions sexuelles sur mineurs, a révélé avoir été lui-même abusé dans son enfance à de multiples reprises.
Pour son avocat, il ne cherche pas à se dédouaner pour autant de sa responsabilité.
Pour les experts, « cela peut avoir renforcé sa construction perverse ».
Il ne cherche pas à se trouver des excuses, précise-t-il. Au second jour de son procès pour agressions sexuelles sur mineurs, l’ancien prêtre de Lyon Bernard Preynat a révélé avoir été lui-même abusé dans son enfance. A de multiples reprises.
« La première fois, c’était un sacristain de la paroisse dans laquelle j’étais enfant de chœur », commence-t-il à raconter à la barre. Puis ce fut le tour d’un séminariste qui « lui caressait la cuisse sous la douche ». Et ensuite un prêtre, professeur au petit séminaire de Montbrison, dans lequel l’adolescent étudiait. « C’était entre les classes de sixième et de quatrième », ajoute-t-il. De là à déclencher ses pulsions sexuelles vers les petits garçons ? Le premier expert psychiatrique, appelé à témoigner mercredi soir pour éclairer le tribunal sur la personnalité du prévenu, est resté prudent.
Mais aussi au petit séminaire entre la 6e et la 4e par l’un de ses professeurs, un prêtre du diocèse de Lyon. « A 14 ans, j’ai su que j’avais déjà une attirance pour les plus petits » #Preynat — Caroline Girardon (@CaroGirardon) January 15, 2020
« Pervers sexuel »
« Bernard Preynat n’a jamais évoqué ces faits lors de nos trois entretiens, assure-t-il. Mais cela peut avoir renforcé sa construction perverse ». L’homme décrit d’ailleurs un « pervers sexuel ». « Une partie de lui n’accède pas à la souffrance de l’autre. L’autre n’existe pas comme une personne pour lui. Il est utilisé pour répondre à ses besoins pulsionnels », détaille l’expert. Il dépeint aussi un enfant ayant souffert du manque de tendresse de sa mère. « C’était des parents de l’époque. On ne montrait pas ses sentiments », développe-t-il avant de préciser que Bernard Preynat n’est « jamais parvenu à la maturité sexuelle d’un adulte. Il est resté un enfant de ce côté-là ».
Les révélations de l’ancien curé ont toutefois pris de court son avocat, Frédéric Doyez. « Je ne dirais pas que je suis étonné. C’est ce qui se passe lors d’une audience. Mais s’il n’en avait pas parlé, c’est peut-être par crainte que l’on pense que c’est en quelque sorte pour se dédouaner », déclare-t-il lors d’une suspension de séance.
« Il essaie de rejeter la faute sur d’autres mais je suis l’exemple que l’on peut faire l’inverse, confie Stéphane H, l’une des victimes de Bernard Preynat. Ce n’est pas parce que l’on a été victime d’un violeur que l’on devient violeur. Ce sont de fausses excuses. C’est minable ».
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