Bernard Preynat, ici en train de quitter le tribunal correctionnel de Lyon ce vendredi. PHILIPPE DESMAZES — AFP
La procureure Dominique Sauves a requis ce vendredi à Lyon au moins huit ans de prison ferme à l’encontre de Bernard Preynat.
Jugé depuis mardi, trois décennies après de nombreux abus sexuels, l’ancien prêtre a « brisé » les vies de ses victimes, des scouts alors âgés de 7 à 15 ans, selon la procureure.
Le tribunal correctionnel de Lyon rendra son jugement le 16 mars contre l’ex-homme d’Eglise.
« Dieu merci nous y sommes. » C’est par cette formule que la procureure Dominique Sauves a débuté son réquisitoire, ce vendredi, visant Bernard Preynat. L’ex- prêtre, défroqué l’été dernier à l’issue de son jugement canonique, est resté impassible, figé sur sa chaise et regardant droit devant lui, comme durant toute l’audience. « Ce dossier hors du commun, emblématique, mérite une réponse pénale ferme qui ne peut s’arrêter au bénéfice de l’âge », a précisé la magistrate devant le tribunal de Lyon.
Celle-ci a requis au moins huit ans de prison ferme à l’encontre de Bernard Preynat, jugé trois décennies après les faits pour une affaire d’abus sexuels devenue symbole de l’omerta en France de l’Église sur la pédophilie. « Bernard Preynat n’est rien d’autre qu’un pédophile en série, qui n’est accablé que par le regard des autres, qui ne parle que de lui », estime Dominique Sauves.
« C’est son troisième rôle, celui du repentant »
« Le masque est tombé sur l’homme que vous êtes, l’homme que vous avez été », a également lancé la procureure au prévenu de 74 ans, en l’accusant d’avoir « brisé » les vies de ses victimes, des scouts âgés de 7 à 15 ans au moment des faits. Mais aussi de s’être « servi du silence des parents et du silence de l’Eglise » pour multiplier ses abus entre 1971 et 1991. À la barre, cet homme à la carrure toujours imposante, porteur d’une barbe blanche, a bien demandé « pardon » aux neuf hommes venus témoigner de leurs souffrances, de nombreux autres n’ayant pu porter plainte du fait de la prescription. Mais il s’agissait d’un pardon « mécanique », sans empathie manifeste, qui n’a donc pas convaincu les parties civiles, Bernard Preynat cherchant souvent à minimiser les faits reprochés.
La «vie pourrie et merdique» des victimes évoquée lors du procès Preynat https://t.co/8m8fDAcKDi — 20 Minutes (@20Minutes) January 15, 2020
« Il y a toujours un mot qui vient nous gêner », a résumé un avocat. « Il a écouté les souffrances des victimes mais il ne les a pas entendues », a renchéri la procureure. Cet abuseur en série, dont le nombre de victimes potentielles allait jusqu’à « quatre ou cinq enfants » par semaine durant les camps d’été, a révélé durant son procès avoir lui-même subi des agressions durant son enfance. Mais cela n’a pas non plus convaincu les parties civiles. « Preynat, c’est un menteur », a accusé ce vendredi Me Yves Sauvayre, pour qui l’ancien curé jouait ici « son troisième rôle, celui du repentant ». Le tribunal correctionnel de Lyon rendra son jugement le 16 mars.
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