Deux malades ont perdu la vie après l’apparition fin décembre de ce virus en Chine. Franceinfo a interrogé Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon.
Un mystérieux virus, plusieurs dizaines de personnes contaminées et des autorités qui font tout pour que les symptômes respiratoires ne se propagent pas. Le phénomène apparu fin décembre en Chine possède tous les ingrédients d’un bon scénario de film. Les autorités sanitaires locales sont sur le pied de guerre : quatre cas supplémentaires ont été recensés, samedi 18 janvier. Cela porte le nombre total de patients touchés à au moins 45, mais des scientifiques redoutent davantage de contaminations. Franceinfo a interrogé Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et au Centre international de recherches en infectiologie, qui travaille sur le sujet, pour faire le point.
Franceinfo : Que sait-on de ce virus à ce jour ?
Bruno Lina : D’après les éléments que nous avons, il s’agit d’un nouveau virus, jamais observé jusque-là. Il appartient à la famille des coronavirus, et même plus précisément des bétacoronavirus. La première fois qu’il a été observé, c’est en Chine, à la fin du mois de décembre, sur un marché de poissons et d’animaux. Selon les autorités sanitaires locales, plusieurs personnes contaminées travaillaient sur ce marché, où sont notamment vendues des bêtes vivantes.
Le virus a-t-il déjà fait des victimes ?
Oui, deux sexagénaires chinois ont perdu la vie après avoir contracté ce virus. Plus globalement, une cinquantaine de malades ont déjà été recensés en Chine. On dénombre aussi deux cas dans des pays voisins : un en Thaïlande et un au Japon.
Quels sont les symptômes connus ?
Le virus se caractérise par des difficultés respiratoires. C’est comme une forme de pneumonie, avec des symptômes identiques à la grippe, les gens sont essoufflés. Quand on fait une radio, on remarque que les infiltrats bilatéraux sont étendus. Comme la grippe, ses effets sont plus graves chez les personnes fragiles, notamment les personnes âgées. Mais à ce stade, il y a encore plein d’éléments inconnus.
Par exemple, on ne connaît toujours pas la source infectieuse, ni le délai d’incubation. On connaît les formes graves, mais il y a peut-être des formes moins graves. Aucun élément ne permet de dire s’il y a transmission interhumaine à ce jour… mais à ce jour seulement. On parle ici uniquement d’un passage de l’animal à l’homme. Ce qui signifie que le virus est bien moins contagieux que le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003, qui avait fait des centaines de victimes.
Quelles sont les mesures de précaution qui ont été prises ?
Etant donné que ce virus est nouveau, nous ne disposons pas de traitement, ni de vaccin. Des recommandations sont données aux passagers qui effectuent la liaison aérienne entre Paris et Wuhan. On leur demande d’être vigilants, de ne pas fréquenter les marchés. Si des symptômes se développent, il faut que les personnes se manifestent. Les hôpitaux sont équipés pour faire face. Cela permet d’éviter une transmission du virus à d’autres.
Faut-il commencer à s’inquiéter ?
“Est-ce que demain 40 000 personnes vont être atteintes de ce virus en France ?” La réponse est “non”. A ce jour, il n’y a aucune raison de s’inquiéter. On sait gérer ce genre de cas. Le nombre de décès (deux) est relativement faible comparé au SRAS : à l’époque, la moitié des malades décédaient. A lire aussi Sujets associés
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