La position des Etats membres de l’Union européenne vis-à-vis de Huawei verse encore dans le flou artistique. Dernier exemple en date avec l’opérateur historique espagnol Telefonica, qui a choisi de privilégier Huawei pour équiper le coeur de son futur réseau 5G, que ce soit en Espagne ou sur son second marché, le Brésil. Une option également privilégiée par Orange, dont la branche espagnole collabore avec Huawei, ZTE et Ericsson pour le déploiement de son réseau 5G de l’autre côté des Pyrénées.
Malgré l’embargo de fait imposé par les Etats-Unis au constructeur chinois, soupçonné de collusions avec les autorités chinoises, l’opérateur espagnol a opté pour la continuité en sous-traitant l’équipement de son coeur de réseau 5G à Huawei, son fournisseur historique sur les réseaux 3G et LTE.
L’opérateur espagnol, partenaire traditionnel de l’administration espagnol, a toutefois annoncé qu’il délèguerait à un autre fournisseur, qui pourrait être Nokia ou Ericsson, l’édification d’une partie de son coeur de réseau à compter de 2020. Une décision qui doit, selon le quotidien économique espagnol Expansion, permettre à Telefonica de ne plus dépendre exclusivement d’un seul fournisseur, pas même dans le coeur de ses réseaux de télécommunication mobile.
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Les pays de l’UE dans le flou
Le choix de Huawei pourrait également faire office d’option stratégique pour Telefonica. L’opérateur espagnol compterait en effet sur la présence du constructeur chinois pour peser sur les négociations ouvertes avec les concurrents de la firme de Shenzhen et faire ainsi baisser les tarifs exigés par ces derniers. A noter que la décision de Telefónica pour le futur noyau de son réseau 5G ne préjuge pas du résultat de l’attribution du reste de son réseau, traditionnellement équipé par Nokia et Ericsson, comme l’a fait savoir la direction de l’opérateur.
La décision de Telefonica n’est pas sans rappeler celle d’autres opérateurs européens qui ont opté pour plusieurs équipementiers au lieu d’un seul et unique, à l’image de Vodafone outre-Manche. L’opérateur britannique a ainsi débuté en juillet dernier le déploiement de son réseau 5G en ayant recours aux technologies du constructeur chinois sur ses équipements de réseau, en-dehors de son coeur de réseau. En Allemagne, Deutsche Telekom avait également donné ses préférences à cette stratégie, avant de suspendre le choix de ses fournisseurs en attendant la résolution du “cas Huawei” par les autorités allemandes.
En France, où le déploiement de la 5G devrait prendre du retard et débuter à compter de l’été 2020, la situation est également floue pour les différents opérateurs. le Parlement a adopté en juillet dernier une loi destinée à sécuriser les réseaux 5G. Celle-ci prévoit un “régime d’autorisation préalable, fondé sur des motifs de défense et sécurité nationale, des équipements de réseaux” pour tous les appareils installés depuis le 1er février 2019 en France. Elle soumet de fait la présence de tel ou tel équipement ou de tel ou tel logiciel sur les réseaux mobile de nouvelle génération à une autorisation préalable délivrée par Matignon dans un délai de deux mois sur la base d’une recommandation de l’ANSSI.
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