4,3 millions. C’est le nombre record de prises FTTH déployées en 2019 dans le cadre du plan France THD, qui vise à garantir à tous un accès à un bon haut débit (supérieur à 8 Mbit/s) ou au très haut débit d’ici à 2020. Mais alors que 18 millions de prises fibre sont déployées à ce jour sur le territoire, l’objectif de 30,7 millions de prises installées d’ici à 2022 semble toutefois encore loin d’être atteint, comme l’a reconnu Infranum, qui regroupe les industriels de la fibre.
« 2020 s’annonce autrement plus ardue, mais néanmoins décisive pour une filière en passe de devenir stratégique dans l’économie et le rayonnement français », a ainsi fait savoir ce jeudi la fédération, relevant la difficulté de la nouvelle phase de déploiement qui s’ouvre cette année.
Selon l’organisation présidée par Etiennes Dugas, le nombre record de prises déployées jusqu’à maintenant « ne doit pas masquer la prouesse à venir : la seconde moitié sera plus difficile à réaliser puisqu’elle concernera majoritairement les zones d’initiative publique (RIP) ». C’est bien dans ces zones, majoritairement situées en zone rurale, qu’il reste pas moins de 80 % des prises à construire, soit environ 14 millions de prises, comme l’a calculé la fédération, qui rappelle que « chacune de ces prises est trois fois plus difficile à déployer qu’en zone dense ou AMII ». C’est donc à un sacré défi que vont se coller les professionnels de la fibre au cours du second semestre 2020, alors qu’Infranum a fixé un objectif de 1,5 million de prises déployées en zones RIP sur un total annuel de 4,5 millions.
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L’enjeu de la main d’œuvre
D’autant que ceux-ci devront faire avec une contrainte qui n’a toujours pas été réglée, à savoir le manque chronique de main d’œuvre qui pénalise toujours autant l’activité de ces derniers. « Après avoir recruté 6 400 collaborateurs l’an dernier, la filière doit encore en former plusieurs milliers. Même si la mobilisation de tous les acteurs, dans le cadre notamment de l’EDEC, a permis de structurer l’offre de formation, le sourcing se révèle de plus en plus pointu et les centres manquent de formateurs », relève ainsi la fédération, qui pointe là un véritable point noir pour l’ensemble de l’écosystème.
Reste que les professionnels pourront toutefois s’appuyer sur une nouvelle donne, avec la signature, effectuée le 18 décembre dernier par la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher, d’un contrat stratégique de filière destiné à « donner une certaine visibilité à toute la chaîne des industriels impliqués dans le plan France THD ». Cette nouvelle filière stratégique aura pour chantiers principaux de valoriser le savoir-faire national à l’échelle mondiale, d’accompagner le développement des territoires connectés, de garantir la qualité des réseaux et de préparer la mutation des emplois du secteur face à l’émergence de nouvelles technologies comme la 5G.
« En France, nous avons réussi la première moitié du plan France THD, mais la vigilance est de mise car les prises restantes sont les plus difficiles à construire, le recrutement est encore soutenu et la commercialisation sera la priorité dans les territoires. Quoiqu’il en soit, les industriels de la filière ont développé un savoir-faire réel et à haute valeur ajoutée. Il faut aujourd’hui poursuivre l’industrialisation pour tenir les objectifs tout en assurant la pérennité des réseaux », a résumé le président d’Infranum pour lister les objectifs prioritaires de la filière en cette nouvelle année. Si la prudence est de mise à l’heure d’entamer cette nouvelle charnière, le secteur se veut toutefois optimiste, comme l’a relevé ce dernier, pour qui « notre jeune filière a tous les atouts pour devenir un pan stratégique de notre économie dans quelques années ».
Pour rappel, le nombre de locaux éligibles au FTTH a augmenté de plus de 30 % sur l’année pour se porter à 16,7 millions au cours du troisième trimestre 2019, selon les derniers chiffres livrés cette semaine par l’Arcep. L’Autorité a par ailleurs relevé que si 2 millions d’accès ont été activés au cours de cette période, contre 1,4 million un an auparavant, 43 % l’ont été via une offre de gros. De quoi voir l’avenir assez sereinement pour la filière, à l’aube d’une nouvelle année décisive.
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