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PayPal se désengage: qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir de Libra ?

PayPal se désengage: qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir de Libra ?

L’opération de Facebook visant à s’imposer dans le monde de la cryptomonnaie et des paiements en ligne ne démarre pas sous les meilleurs auspices.

Compte tenu du nombre considérable de clients de Facebook, qui peut compter sur des milliards d’utilisateurs, il n’était pas surprenant que le réseau social envisage de passer à la finance afin d’étendre son influence et de ne pas rester cantonné aux sources de revenus offertes par la collecte de données, l’analyse et la publicité ciblée.

La première tentative, Messenger Payment, n’avait pas réussi à capter l’intérêt des utilisateurs dans des pays tels que le Royaume-Uni et la France, ce qui a amené le géant de la technologie à fermer le système de paiement de personne à personne (P2P) dans certains pays, en dépit de son succès aux États unis.

Arrive alors Libra, un projet de cryptomonnaie annoncé en juin. Facebook a déclaré que la monnaie numérique, qui devrait faire ses débuts en 2020, s’intégrera aux services de Facebook et fournira un actif nécessaire aux transactions de commerce électronique sur sa plateforme et au-delà.

Selon la société, Libra sera utilisable par “presque toute personne possédant un smartphone”.

Lors de l’annonce, un certain nombre de contributeurs importants ont été mentionnés, notamment Visa, Mastercard, PayPal, Uber, Lyft et eBay. Ces sociétés ont uni leurs forces pour devenir la Libra Association, un consortium basé à Geneve formé pour superviser le développement de la cryptomonnaie et de la blockchain sur laquelle elle s’appuie.

Cependant, l’approche de Facebook en matière de sécurité et de protection de la vie privée, sa réputation ternie par le scandale de Cambridge Analytica, ainsi que le flux constant de fuites de données et de problèmes de sécurité sont revenus hanter la firme.

L’idée que le géant des médias sociaux pourrait se forger une position de contrôleur financier, une société privée facilitant les transactions en dehors de la structure bancaire traditionnelle, a incité les régulateurs à bombarder Facebook de demandes de renseignements.

En fait, la Réserve fédérale américaine a été jusqu’à dire que Libra était une “préoccupation de premier ordre” et qu’elle ne serait pas autorisée à aller plus loin tant que la société n’aurait pas répondu aux questions des régulateurs.

En France, les régulateurs se sont engagés à empêcher l’implantation de Libra en Europe jusqu’à ce que les préoccupations en matière de protection de la vie privée soient résolues. Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré que la cryptomonnaie constituait un risque pour les consommateurs et que “la souveraineté monétaire des pays [était] en jeu”.

Douche froide pour les partenaires

La vague d’inquiétude et la probabilité que des obstacles réglementaires soient mis en place par plusieurs pays ont également eu un effet sur les premiers soutiens du projet.

Des rapports ont récemment suggéré que certains contributeurs, incluant potentiellement Mastercard et Visa, avaient commencé à s’inquiéter et avaient refusé d’être publiquement associés au projet Libra.

PayPal, semble-t-il, est le premier à quitter le navire. Un porte-parole a déclaré auprès de CNET la semaine dernière:

“PayPal a pris la décision de renoncer à toute participation future à l’association Libra et de continuer à mettre l’accent sur ses missions et les priorités commerciales existantes tout en nous efforçant de démocratiser l’accès aux services financiers pour les populations défavorisées.”

Malgré les propos du porte-parole, qui assure que la société continuera à travailler avec Facebook, la perte d’un fournisseur de paiement en ligne aussi important est probablement un sérieux coup dur.

Avec plus de 250 millions de clients actifs, PayPal est un facilitateur de paiement couramment utilisé et son soutien aurait permis à Libra de beneficier de la confiance dans cet acteur.

Au moment de la rédaction de cet article, le logo PayPal semble avoir été supprimé du site Web de l’association Libra. Toutefois, Mastercard, Visa, Mercado Pago, PayU et Stripe sont toujours présents.

Tout n’est pas perdu pour Libra : d’autres acteurs majeurs du paiement en ligne, tels que Mastercard et Visa, soutiennent toujours le projet. Mais le retrait de Paypal est significatif et plusieurs articles ont laissé entendre que certains soutiens du projet exprimaient des doutes. Il sera donc interessant de voir si d’autres entreprises suivent l’exemple de Paypal.

Il se peut que l’Association Libra se trouve simplement face à son premier écueil, et ça ne sera sûrement pas le dernier. Facebook a une réputation discutable en matière de confidentialité et de sécurité des utilisateurs. Aussi, tant que le géant de la technologie ne pourra pas convaincre les régulateurs du monde entier que Libra a de la valeur et n’est pas qu’une force destructrice ou perturbatrice, il se peut que les sociétés optent pour une approche « Wait and see » : garder leurs distances avec l’initiative à un stade aussi précoce, mais éventuellement faire équipe avec Facebook plus tard.

Dante Disparte, responsable des politiques et des communications de l’association Libra, a déclaré à CNET que le groupe n’avait “aucune autre nouvelle à partager pour le moment”, et que “chaque organisation qui a entamé cette aventure devra faire sa propre évaluation des risques et des avantages de être engagé à voir à travers le changement que promet Libra. “

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