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2019, un mauvaise millésime pour les femmes entrepreneurs en Europe


2019, un mauvaise millésime pour les femmes entrepreneurs en Europe

2019 est en passe de s’imposer comme une année fantastique pour la technologie européenne, avec près de 35 milliards de dollars de capitaux investis dans des entreprises créées en Europe. Reste qu’une mise en garde s’impose et contribue à nuancer fortement le triomphe annoncé de ce millésime 2019 : la part des femmes dans le gâteau de financement a encore diminué au cours des quatre dernières années.

Tel est le constat amer effectué par la la société d’investissement londonienne Atomico, qui décrit, dans un rapport publié ce mercredi, une tendance sombre pour les femmes entrepreneurs. Alors qu’en 2015, seuls 11 % des investissements en Europe étaient allés à des entreprises dirigées par des équipes mixtes ou exclusivement féminines, cette proportion est tombée à 8,4 % cette année.En d’autres termes, pour chaque tranche de 100 dollars investie en Europe en 2019, 92 dollars ont été versés à des équipes de financement qui étaient toutes des hommes.


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Aucune opération d’investissement de plus de 100 millions de dollars n’a été signée avec une équipe féminine

L’une des explications avancées par le rapport d’Atomico est que les grandes séries d’investissements, également appelées méga-séries, vont presque toujours à des hommes fondateurs, ce qui dilue la part globale des capitaux levés par des équipes plus diversifiées sur le plan du genre.

Au cours des quatre dernières années, aucune opération d’investissement d’une valeur de 100 millions de dollars ou plus n’a ainsi été signée avec une équipe entièrement féminine, et seulement 7 % de ces opérations ont été réalisées avec des équipes mixtes en 2019. A noter qu’il s’agit toutefois d’un score en légère amélioration par rapport à l’année précédente, où chaque méga-série avait été disputée par des équipes dirigées exclusivement par des hommes.

Le manque de diversité dans les sociétés d’investissement pointé du doigt

Interrogée par ZDNet, Sarah Nöckel, associée en investissement à la société de capital-risque Dawn Capital, déclare : “l’Europe est à la traîne en matière de diversité. En général, il existe toujours un préjugé inconscient à l’égard des femmes. Il faut beaucoup plus d’éducation pour changer les mentalités”.

Pourtant, les femmes entrepreneures ne sont pas absentes du secteur technologique. Sur les 1 200 fondateurs technologiques européens listés dans le rapport d’Atomico, près d’un quart se sont identifiés comme étant des femmes.

En creusant davantage, le rapport a également constaté que les femmes et les hommes sont presque aussi qualifiés que les hommes pour faire carrière en sciences et en génie. En fait, dans certains pays, comme la Lituanie, le nombre de femmes scientifiques et ingénieurs dépasse celui des hommes.

Pas assez de capitaux pour développer des projets

Les femmes peuvent donc fonder des entreprises de technologie, et c’est ce qu’elles font ; le problème est plutôt qu’elles ne réussissent pas à obtenir suffisamment de capitaux pour développer leurs projets.

“Les femmes sont là. Le problème n’est pas que les sociétés de capital-risque ont du mal à les trouver”, déplore ainsi Sarah Nöckel. Pour elle, “le problème fondamental est plutôt l’accès aux investissements. L’écosystème de l’entreprise est un cercle étroit de personnes qui n’a pas bougé depuis des années, et si vous êtes en dehors de ce cercle, il est vraiment difficile de franchir la première barrière”.

Lorsqu’on examine de plus près les équipes d’investissement qui prennent la décision de financement en premier lieu, la tendance se cristallise : le rapport indique effectivement qu’il subsiste un déséquilibre frappant entre les sexes dans l’industrie du capital-risque.

Appel à la diversité

Alors que la part des femmes investisseurs présentes dans les postes subalternes a grimpé à 37% cette année, les femmes occupant des postes supérieurs dans les sociétés d’investissement et étant donc les plus susceptibles de prendre des décisions d’investissement clés, ne représentent que 13% des investisseurs européens.

“Accroître la diversité au sein des fonds de capital-risque est un élément important pour encourager des fondateurs plus diversifiés”, a déclaré Sophia Bendz, associée chez Atomico. “Si les investisseurs sont plus représentatifs de la diversité de la société, nous atteindrons un ensemble plus diversifié d’entrepreneurs.”

D’autres inégalités persistent dans l’accès aux investissements

Reste que l’égalite homme-femme n’est pas le seul biais persistant aujourd’hui sur le front des entreprises de technologies. Le rapport d’Atomico souligne ainsi que 84% des fondateurs se sont décrits comme hommes et blancs et que 82% d’entre eux ont une formation universitaire. Les sociétés de capital-risque européennes sont toutefois divisées sur la question de savoir si l’industrie est suffisamment proactive dans la diversification de ses rangs.

Le rapport indique même que la question de la diversité est celle qui a causé les plus grandes divergences d’opinion entre les répondants du secteur du capital-risque.

Environ un tiers d’entre eux étaient d’accord pour dire que l’industrie a pris des mesures significatives pour améliorer la diversité des fondateurs qu’ils soutiennent – un quart étaient en désaccord, et les autres répondants n’étaient ni d’accord ni en désaccord.

Facteur de ralentissement pour l’ensemble de l’écosystème technologique

Qui plus est, les sociétés de capital-risque ne prennent pas toutes les mêmes mesures pour améliorer la représentation des sexes. Pour Ekaterina Gianelli, associée de la société de capital-risque Inventure, interrogée par ZDNet, les sociétés de capital-risque, bien que discutant du sujet depuis “trop longtemps”, ne prennent toujours pas de mesures claires.

“Pourtant, ce sont nos actions qui comptent”, a déploré cette dernière. Celle-ci voit dans la sous-représentation des femmes un facteur de ralentissement pour l’ensemble de l’écosystème technologique.

Reste que des motifs d’espoir existent. Pour Sarah Nöckel, le changement est en train de se produire, bien qu’à un rythme très lent. Celle-ci a souligné qu’un changement de culture ne peut pas se produire du jour au lendemain, et elle lui a donné “environ 10 ans” avant qu’un changement significatif ne soit réalisé.

Le rapport identifie 28 initiatives rien qu’au Royaume-Uni qui visent à accroître la diversité et l’inclusion dans l’industrie de la technologie. Il s’agit notamment de rencontres, d’événements, de consultations, de travail en équipe et même d’écoles de codage.

Source : ZDNet.com

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